Mon bras s'enfonça soudain dans une épaisse matière visqueuse et mouillée. Je retirais précipitamment mes doigts, recouverts d'un épais mélange d'eau et de sable.
"Oh non...c'est pas sérieux..."
Devant moi, je ne distinguait qu'une immense étendue aux allures insouciante et pourtant aussi mortelle que cela pouvait être possible. Pas question de ne mettre ne serais-ce qu'un doigt de plus dans cet endroit. Je voulu faire demi-tour mais un clapotis ténu reporta mon attention sur le piège mortel. L'étrange petite créature que j'avais aperçus plus tôt se tenait à demi-enfoncée dans les sables mouvants, posant un regard d'étonnement sur moi.
"Pauvre bête"
Pourtant, à ma grande surprise, cette dernière glissait avec une aisance incroyable au milieu des sables mortels, au moins aussi à l'aise que sur la terre ferme. Le rouge me monta au joues et je crachait dans sa direction :
"Sale petite garce !! Si je t'attrape un jour, je t'égorgerait vives !!!"
En me retournant vers la descente qui m'attendait pour rejoindre la plage dans le but d'aller de l'autre côté, je décrivit un cercle sur la pointe des pieds. Le sol glissait légèrement et j'enfonçais mes ongles dans la pierre pour ne pas tomber.
Soudain, la roche qui se trouvait sous mes pieds se déroba et sombra dans les sables mouvant dans un répugnant bruit se succion. Entraînée contre mon gré, mes jambes trop faibles suivirent, plongeant mon corps dans les sables mouvants jusqu'à la taille. Mes coudes se râpèrent contre les rochers auxquels je m'agrippait avec fureur.
Si seulement je pouvais reprendre, ne serait-ce qu'un peu de force...
Je poussait un cri vers le ciel presque noir :
"Quelqu'un...A L'AIDE !!"
Il faisait froid...si froid...la boue glacée s'était infiltrée dans chaque parcelles de mes restes de vêtements et avait collée à ma peau comme une sangsue flasque. Il n'y avait personne pour m'entendre...je pensais un instant fermer les yeux, tout lâcher...après tout pourquoi pas ? Qui m'attendait de l'autre côté de la mer ? Les assassinats ne m'occupaient plus et les blablates insouciantes des jeunes m'ennuyaient...
Je lâchait prise.
La lumière du ciel fut happé par un flot humide et je flottais dans un silence étouffant et immobile. Rien. Pas un souffle. La paix.
Quelque chose picota contre mon coup, une sensation légèrement familière, comme être caressée par le plat d'un aiguille avant d'être piquée par petites touches successives...oui...qu'est-ce qui pouvait causer une pareille...décharge...ÉNERGIE !!!
Mon corps tout entier fut inondé d'un vague de chaleur, quelque chose d'aussi puissant qu'un geyser brûlant, à la fois vitale et mortel, une sensation dévorante, une étincelle d'espoir, de la panique, une minuscule décharge énergétique, qui enflait avec démesure tant mon corps, qui en avait tant besoin, s'en abreuvait. C'était grisant, terrifiant, familier...familier.
Mes bras et mes jambes se déplièrent brusquement, et je lançais cette nouvelles forme d'énergie vers le haut. Je sentis mes doigts crever la surface et agripper quelque chose de dure, de froid...de pierre.
Cette énergie salvatrice se retira brusquement, me permettant tout juste de me hisser hors de mon tombeau et de me laisser rouler contre le plateau rocheux. Chaque parcelles de mon corps me brulaient et l'énergie avait disparut.
Je n'étais pas stupide au point d'avoir oublié.
Je savais quelle était cette énergie.
Je savais à qui elle appartenait.
Je savais pourquoi je l'avais reçu.
Je savais pourquoi elle m'avait ainsi quitté.
Mon frère était sur l'île.
A suivre à la Dunkel Fluss.