Je connais ce genre de scénario et jamais celui-ci ne m'a semblé si dénué de sens, aussi empli de mensonges et de tromperies. Un classique, aussi fade qu'un vieux film que chacun connaît par cœur, comme un vieux disque rayé dont on connaît déjà la fin...
Le naufrage...une situation typique de films de survies, d'une mauvaise série B ou de la télé-réalité...les imbéciles ! Aucun ne vécut jamais ce que les véritables naufragés connurent, face à une étendue sombre et grise, grinçante et glaciale...
Où suis-je ?
Non pas sur une île touristique, recouverte de luxueux hôtel, non pas près d'un site de tournage, ni au beau milieu d'une carte noircis...j'étais dans un cauchemars. Devant moi, sous chacun de mes membres ainsi que dans mes cheveux, de minuscules morceaux d'os, tranchants et ternes, un goût de sel sur la langue...j'étais sur un tapis d'ossements, de sel et d'écumes, à peu près aussi accueillants qu'une cave du 16e siècle.
Je me dressais sur les coudes, le visage meurtris par diverses coupures et contusions, la peau brûlée par le sel et les vêtements en lamentables lambeaux. Les yeux aveuglés par le sel, je tâtonnait le vide devant moi, hagard, affamée, perdue...
Où suis-je ?
Un brouillard épais avait monté à une vitesse grandissante, me privant de tous repères aux limites de cet endroit morbide. Je me heurtais soudain sur une surface rugueuse qui m’égratigna le visage, m'arrachant un grincement de frustration. Je levais les yeux vers un ciel que je ne voyais pas au travers du voile qui obscurcissait mes pensée...
Où suis-je ?
Mes doigts caressèrent lentement la surface contre laquelle je m'étais cognée, faisant un léger bruit, comme lorsqu'on caresse un livre à contre sens...Il n'y avait pas un seul bruit, même la mer semblait s'être tue.
Devant moi, une étendue mortellement sombre suggérait la présence de rochers surélevés aux abords peu amicaux. Bien qu'épuisé, mes sens s'éveillèrent et un légers frottement derrière moi me lança une violente décharge d'adrénaline qui me poussa sur le premiers pans rocheux. A l'endroit même où je me tenais, la plage d'os et de fossiles avait ondulé à la manière d'un serpent, avant de se fondre de nouveau, bien à plat.
"Oh mon dieu...qu'est-ce que c'est que cet endroit..."
Le brouillard ne se décidant pas à disparaître, je commençais péniblement mon ascension, endommageant lentement un peu plus mon morale et mes vêtements (déjà bien atteints).
Un cri retentit au dessus de ma tête et une violente douleur me cingla l'épaule. M'accrochant furieusement à la roche rugueuse, je me refusait à lâcher prise. Cette fois ci, la douleur me gifla près des temps.
Incapable d'en supporter plus, je fut précipité vers le sol...
La suite aux Rochers de la mort.